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Pesticides : 40 enfants hospitalisés ? Et ?

Pesticides dans l'agriculture, jusqu'à quand ?Pesticides dans l'agriculture, jusqu'à quand ?

Pesticides : 40 enfants hospitalisés ? Pas grave !

Ce lundi 6 novembre, en Belgique, 40 enfants ont été hospitalisés, pris de malaises après le passage d’un cultivateur qui traitait son champ, à la lisière de l’école. Les élèves ont été pris de vomissement, de douleurs au ventre. Rapidement alerté, et pris en charge par les secours, ils ont été répartis dans les hôpitaux les plus proches.

« Tout va bien »…

 On a tendance, de nos villes, à regarder ces évènements avec distance, non-pas qu’ils ne nous émeuvent pas. On se projette volontiers à la place des parents de ces 40 enfants par exemple. On se met également à la place des habitants proches des vignes du Bordelais où des manifestations ont lieu chaque année ou d’autres territoires un peu partout en France. Cette « affaire » s’est passé en Belgique, on imagine aisément qu’elle aurait pu se produire en France ou ailleurs, et peu importe où d’ailleurs.

 Ils ont tous déjà quitté l’hôpital

C’est rassurant, les enfants sont rapidement sortis de l’hôpital, mais quid du futur, quid de leur futur ? Ont-ils été empoisonnés gravement ? Cet empoisonnement aux pesticides aura-til des suites ? Est-il prévu un suivi particulier de leur santé, au plus près, pour identifier tout problème qui pourrait survenir dans l’avenir ? Sans doute pas, nous verrons.

Pesticides, pulvérisation agricole et réglementation ?

En Belgique comme en France, il existe des textes de loi qui encadrent l’épandage à proximité des habitations : L253-1 à L253-7-1 du code rural, mais les textes, comme les limitations de vitesse, ne sont pas toujours respectés et bien sûr des infractions sont régulièrement dénoncées. Rien n’y fait. Un certain nombre d’inconscients, pourrait-on dire criminels, n’hésite pas à braver les interdictions devant la règle qu’ils se sont imposée, la règle du « je fais ce que je veux et que crèvent les autres »

Agriculture « moderne » et respect de l’environnement ?

Avant propos : personnellement, je porte un regard nostalgique sur la ferme et la campagne. j‘y ai grandi. J’allais cherchais mon lait directement à la ferme, tous les soirs, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il gèle… Et j’adorais ça. J’étais accueilli par les poules et leurs poussins, les chats, les canards… Je donnais mon pot à « ma » fermière, puis je rejoignais son mari, fermier bien sûr. J’allais voir les vaches (une douzaine grand max), j’allai caresser les veaux qui venaient de naître, je donnais à manger aux cochons Tous ces animaux étaient parfaitement traités, ils avaient un prénom. Le fermier était plein d’amour pour eux et ça se voyait facilement. Aux périodes de vacances d’été, il n’était pas rare de faire un tour de tracteur, d’accompagner le fermier pour la traite et de mettre la main aux pis… J’étais tout jeune, la prise de conscience écologique était rare. Les écologistes comme Brice Lalonde n’étaient respectés que par une faible population et sur une seule question, celle du nucléaire. La question de l’agriculture était quasi absente des débats, tout juste parlait-on du « remembrement » ou l’art de donner les meilleures terres aux gros agriculteurs en « spoliant » les petits. 

Utilisation des pesticides : les agriculteurs s’intéressent-ils à l’environnement ?

Aujourd’hui, de nombreuses questions interrogent (c’est le principe). Beaucoup d’entre nous ont intégré les enjeux écologiques et modifié leur façon de vivre, par exemple sur les questions de consommation, de transport, de tri ou d’alimentation. Même si ce n’est ni toujours évident, ni même naturel, nous continuons petites décisions après plus grandes décisions. C’est vrai en ville, c’est vrai dans les villages avec des problématiques souvent différentes.

Pesticides : surtout ne rien changer

Une grande majorité des agriculteurs, une majorité « agissante », une majorité « militante », a décidé de ne rien changer à son paradigme. Ils imposent leur point de vue, pour une réglementation qui permet l’utilisation de pesticides. Peu importe s’ils empoisonnent des enfants, la population, les rivières et les nappes phréatiques, la mer, l’air… Ils préfèrent nous voir tous morts, eux y compris, que d’aider à chercher ou tester les solutions.

Les agriculteurs, leur syndicat majoritaire et leur ministre (les ministres successifs) préfèrent s’abriter derrière un slogan : « L’agriculture raisonnée ».

Agriculture raisonnée, agriculture pesticide !

L’agriculture raisonnée, ou l’agriculture responsable, c’est tout simplement de la supercherie, de la fumisterie, ça n’existe pas ! Personne ne sait d’ailleurs la définir. C’est comme l’histoire du bon chasseur et du mauvais chasseur.

S’il fallait une preuve, la France est championne d’Europe d’utilisation de pesticides avec 5,4 kg pulvérisés par an et par hectare cultivé, quand la moyenne européenne est de 3 kg. Contrairement à tout ce qu’on peut nous raconter, l’utilisation des pesticides augmente. Ce, alors qu’on connait parfaitement les dégâts que causent les pesticides sur la santé, à court terme et à long terme. L’agriculture raisonnée, c’est le couvercle de la poubelle des pesticides !

Les jeunes, l’avenir de l’agriculture ?

J’étais présent, il y a quelques semaines pour une « forme » de colloque, dans une grande école d’agriculture, dont je ne citerai ni le nom ni le lieu pour ne pas nuire à ces étudiants. Et j’ai été saisi par le manque de connaissances, d’intérêt même, d’implication pour les questions écologiques. On a entendu, ici et là, quelques étudiants dont la prise de conscience écologique, et même l’investissement personnel étaient réels.

Mais de questionnements sur les méthodes pour réduire l’utilisation de produits phytosanitaires, de culture bio : non. Ou trop, trop peu, à part des platitudes éculées comme l »‘agriculture raisonnée », l’engagement, la fougue, l’envie de remettre les choses en question qu’on aurait pu attendre d’une future génération d’agriculteur n’était pas là. Dommage.

Les institutions font-elles ce travail d’évengélisation ?

Mais en réalité, la responsabilité n’en revient-elle pas à l’école donc à l’éducation nationale, donc à l’état ? Les discours, les cours, les programmes, les recherches, les échanges avec les industriels et peut-être même les financements avec des industriels producteurs de pesticides, sont-ils faits pour les interroger, les poussent-ils à s’engager ?

 

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